En 1949, c’est à la galerie des Deux-Isles que son exposition est préfacée par Audiberti, « Camille Bryen poileur de pierres », et qu’apparaissent ses premières peintures à l’huile. La même galerie présente l’année suivante des gravures et des dessins « cuivres et plumes ».
Exposition à la galerie Pierre, en 1950, accompagnée d’une conférence de Bryen.
Ses manifestations tant personnelles que collectives se multiplient. Il n’est pas possible ici de les énumérer toutes : mais certaines sont à mentionner car elles montrent l’importance de Bryen au sein de l’art informel.
1951, première confrontation de peintres non figuratifs à la galerie Nina Dausset où Bryen côtoie Mathieu, Hartung, Pollock, Riopelle, Russell, Capogrossi, de Kooning et Wols, réunis sous le titre « Véhémences confrontées » et présentés par Michel Tapié. Le critique présente l’année suivante au Studio Facchetti « Les Signifiants de l’informel ».
Bryen participe également au Salon d’octobre de Charles Estienne en 1953, au groupe « Phases de l’art contemporain », Studio Facchetti, en 1954, et à celui « Individualités d’aujourd’hui », galerie Rive Droite.
En 1955, Michel Tapié présente « Tendances nouvelles » à la Kunsthalle de Berne et Colette Allendy associe Wols et Bryen pour une exposition intitulée « 2bis ».
Il expose ses peintures récentes en 1952 et 1953 chez Colette Allendy, en 1954 galerie Pierre, 1955 galerie Édouard Loeb, et publie « Jepeinsje » (1956). À cette époque, ses activités picturales supplantent sa poésie et il illustre de nombreux livres. En 1956, l’évolution de son graphisme se précise parallèlement au rôle dévolu à la couleur dans ses aquarelles ; il est déjà sensible en 1954 dans une œuvre comme Cris-gris. Le glissement progressif de l’écriture au dessin ne rompt en rien avec l’univers poétique qui est le sien. Simplement la main prend le relais de l’esprit, comme les mots s’évanouissent pour laisser envahir l’espace du support d’un foisonnement de lignes, à la fois imbriquées comme dans un réseau cellulaire ou s’éparpillant dans des formes éclatées. Mais tout n’est qu’apparence, car sa démarche mentale est bien la même et les titres accompagnant chaque œuvre sont là pour le rappeler : L’Apensée sauvage, L’Afocalypse, Pullulement informel soulignent la correspondance entre les jeux de mots de Bryen, qui sont désarticulation du langage, et le démembrement linéaire. Mécanisme oscillatoire qui lui fait dire : « Je dessine pour ne pas écrire. »
Ses aquarelles qu’il expose à Genève (1952), Lausanne (1953), Stuttgart (1953), Paris à la librairie Les Amis des Livres (1953), Londres (1956), de type arachnéen, offrent des couleurs qu’il projette en taches ménageant des temps forts et faibles parmi cet entrelacement de linéaments dont les axes obliques donnent tout le dynamisme. Cette structure se retrouve dans les toiles qui, à partir de 1956, présentent une construction en damier: Précambryen est à cet égard une œuvre charnière. Transparences des teintes, finesse et raffinement de l’encre de Chine participent à renforcer cette fluidité qui ouvre sur un espace infini.
Bryen continue d’exposer autant à l’étranger qu’en France : à Paris en 1956 galerie Stadler, en 1957 à Milan galerie Apollinaire (préface Jean-Pierre Restany, « Bryen, délirant, aventurier de l’inconnu »), en 1958 à Vienne (« Quarante dessins de 1934 à 1958 »), groupe « Phases » en 1956 galerie Kléber.
1959, année de sa première rétrospective « Cent œuvres choisies », préfacée par Julien Lanoe, au musée des Beaux-Arts de Nantes, à Lausanne (préface de Pierre Restany, « Camille Bryen, poète du dessin »), à Milan (préface de P. Restany, « L’Espace dans l’homme ») et mention d’honneur au prix Lissone. 1959, Bryen peint Feu de bengali, nouvelle étape dans l’expression de sa sensibilité, plus sensuelle et plus calme. Paysage intérieur est une suite dans laquelle les damiers jaunes, orange, ocre, blancs s’agrandissent et dont la violence graphique s’atténue.
1960, galerie Cazenave, peintures récentes à l’occasion de la publication par R. V. Gindertaël de « Bryen ». Participe au groupe « Antagonismes », pavillon de Marsan, musée des Arts décoratifs, Paris.
1961, galerie R. Cazenave, « Vingt-quatre dessins ». Ses œuvres se font de plus en plus aériennes.
Il est toujours présent dans toutes les manifestations importantes : 1960, participe au prix Solomon Guggenheim à New York et à la Biennale de Venise. 1961, hors concours au prix Lissone, Biennale de São Paulo. 1962, participe au prix Marzotto à Rome, illustre Vigies de Tristan Tzara. 1962, exposition itinérante de « L’École de Paris » à la Tate Gallery à Londres, puis à Cardiff, Liverpool et Aberdeen. 1963, expositions « École de Paris » à Zagreb et à Ljubljana. 1964, galerie La Hune, « Vingt œuvres graphiques », Nantes, galerie Argos, « L’Atelier de Bryen », Paris, galerie Daniel Cordier, accrochage de toutes ses expositions. 1964, musée de Saint-Étienne, « Cinquante ans de collage » reprise au pavillon de Marsan. 1965, présentation à La Hune du livre audiovisuel Carte blanche à Bryen avec un disque et des Bryscopies, diapositives originales. 1965, « Trente-cinq peintres contemporains au Japon », Tokyo, « École de Paris » à Prague, Bucarest et Budapest.
Il expose au Salon des réalités nouvelles en 1946, 1947, 1948 et 1956. Salon de mai 1956. Sociétaire du Salon d’automne en 1963.
Figure essentielle du mouvement désigné par Michel Tapié sous le nom d’« informel », le critique l’intègre naturellement dans son livre Un art autre sous-titré « Où il s’agit de nouveaux dévidages du réel » (1952). Deux œuvres reproduites, Hépérile (1953) et Tellurie, illustrent les propos de Bryen à qui Jean Grenier demandait de donner une définition de l’informel : « Mes recherches tendent à vivre l’inconditionné : j’ai voulu dissoudre la forme. […] Je ne pouvais attaquer la forme qu’en faisant des non-formes. Je me suis aperçu alors que la forme réapparaissait. […] J’obtenais ce que j’ai appelé des non-non-formes. […] C’était une tentative mystique non figurative » (entretiens avec Jean Grenier dans « Dix-sept peintres non figuratifs », Éditions Calmann-Lévy, 1963).
1967, « L’Atelier au musée, Bryen dialogue avec le public », Paris, musée d’Art moderne de la Ville, l’ARC.
1970, rétrospective, musée des Beaux-Arts du Havre, préface de Geneviève Testanière.
1970, « Bryen, œuvres 1965-1970 ». Galerie de Seine, Paris. Catalogue.
1971-1972, Exposition itinérante organisée par le CNAC. Catalogue D. Abadie.
1973, Rétrospective, Musée national d’art moderne, Paris. Catalogue Jean Leymarie, Jean-Hubert Martin, Marielle Tabart.
1979 et 1981, Paris, Musée national d’art moderne. Centre G. Pompidou (donation Bryen).
1988, « Œuvres graphiques 1948-1960 ». Galerie Callu Mérite, Paris. Catalogue J. Boutet-Loyer.
1990, Bryen, huiles, gouaches, plumes. Galerie Callu Mérite, Paris. Catalogue J. Boutet-Loyer.
- Œuvres dans de nombreuses collections publiques : musées de Dunkerque, Grenoble, Le Havre, Les Sables-d’Olonne, Lille, Paris au Centre G. Pompidou, Rennes, Saint-Étienne, Strasbourg, Tourcoing, Valence, et à l’étranger Jérusalem, Lisbonne à la Fondation Gulbenkian, Locarno, Rome, Schiedam…
- Daniel Abadie, Bryen Abhomme. La Connaissance, Bruxelles 1973.
- Jacqueline Boutet-Loyer, « “Acides Abhumaniques”. L’œuvre gravé et la lithographie ». Nouvelles de l’estampe, n° 22, juillet-août 1975.
- Jacqueline Boutet-Loyer, Bryen, l’œuvre peint, catalogue raisonné. Librairie Quatre Chemins. Éditart. Paris, 1986.