Aujourd’hui « l’homme n’est plus perdu dans le “cosmos”, il est devenu le centre du monde, il en est aussi le résumé » (
op. cit.).
C’est la respiration primitive qu’il nous faut retrouver. Dès 1937, il se consacre, parallèlement à sa peinture, à l’art du vitrail, technique qui ne cesse de le passionner et qu’il perfectionne. S’il fournit au maître verrier la maquette, il exécute le dessin des plombs grandeur nature et choisit, un à un, les ocres qu’il peint suivant le procédé médiéval de la « grisaille ». À partir de 1947, année de sa rencontre avec le père Couturier, il participe au renouveau de l’art sacré qui répond à ses conceptions artistiques et spirituelles, aux côtés de ses amis Manessier, Elvire Jan, Le Moal… 1943-1947 : trois vitraux pour l’église d’Assy (Haute-Savoie). 1951 : première mosaïque pour la façade de l’église d’Audincourt (Doubs). 1954 : deux vitraux en dalles de verre pour le baptistère de l’église d’Audincourt. 1958 : un vitrail pour l’église de Villeparisis et cinq pour le centre d’accueil des sans-logis à Noisy-le-Grand. En 1964, il entreprend la série des huit vitraux pour l’église Saint-Séverin à Paris (achevés en 1970). Dernièrement, il a participé à la commande collective de vitraux pour la cathédrale de Saint-Dié. Pour des édifices publics, il réalise en 1960 une mosaïque destinée au paquebot
France, en 1963 une mosaïque pour la Maison de l’ORTF. Récemment, il vient d’achever deux œuvres monumentales : une fresque en mosaïque pour le Sénat à Paris (1987) et la mosaïque pour la voûte de la station de métro Cluny-Sorbonne à Paris (1988).
Une autre activité requiert son intérêt, celle de décorateur de théâtre. En 1951, décors et costumes pour la Comédie de Saint-Étienne, et en 1952, costumes pour le ballet de Janine Charrat
Massacre des Amazones. À partir de 1967, il réalise des tapisseries. Depuis 1944, il illustre de multiples œuvres poétiques.
Après une licence de lettres, Bazaine étudie aux Beaux-Arts dans l’atelier de Landowsky, mais délaisse la sculpture et suit les cours de peinture à l’Académie Julian. Se lie avec Gromaire, Lhote et débute en 1930 chez Jeanne Castel avec Fautrier, Goerg. Depuis sa première exposition personnelle, galerie Van Leer à Paris en 1932, il expose régulièrement dans la capitale notamment à la galerie Maeght depuis 1949 : « Peinture de 1943 à 1949 », (« Derrière le miroir », textes de H. Maldiney et A. Frénaud), 1953, « Trente Peintres de 1950 à 1953 » (« Derrière le miroir », texte de M. Arland), 1957 (« Derrière le miroir », texte de A. Frénaud), expositions qui se poursuivent jusqu’à aujourd’hui.
À l’étranger, les pays nordiques ont toujours réservé à son œuvre le meilleur accueil, dès 1946-1947 où il expose aux côtés de Lapicque et d’Estève au Stedelijk Museum d’Amsterdam, puis à Copenhague et à Stockholm où il fait sa première exposition particulière galerie Blanche en 1950, puis une seconde en 1964.
De 1956 à 1958, il séjourne chaque été en Zélande qui lui inspire un album de dessins et d’aquarelles,
Hollande, publié chez Maeght en 1962 avec des textes de J. Tardieu.
Ses premières rétrospectives ont lieu dès 1959 au Stedelijk Museum d’Amsterdam, au Stedelijk Abbemuseum à Eindhoven et à la Kunsthalle de Berne, suivies par celles de 1962 à la Kestner-Gesellschaft à Hanovre, au Kunsternes Hus à Oslo et au Kunsthaus à Zurich. Exposition d’aquarelles et de dessins à la galerie Bendor de Genève en 1958.
Il participe à de nombreuses expositions collectives : 1948-1952, Biennale de Venise, 1951 et 1953, première Biennale de São Paulo. Expose à plusieurs reprises à l’« International Exhibition of Painting » de Pittsburgh en 1950 (obtient une deuxième mention), 1955 et 1958.
En 1952, invité comme membre du jury par la Fondation Carnegie, il effectue son premier voyage aux États-Unis. Le gigantisme de ce pays influencera beaucoup son œuvre, de même que l’Espagne, où il séjourne en 1953-1954 et 1962.
Documenta à Kassel en 1955 et 1959.
Toutes ces expositions itinérantes révèlent la peinture française hors de ses frontières : citons en 1949 « La Nouvelle Peinture française » qui circule en Europe, au Canada et au Brésil, « Tendances actuelles de l’école de Paris » en 1952, Kunsthalle, Berne, « Younger European Painters », Fondation Guggenheim à New York en 1954. En 1961, voyage à Moscou pour l’Exposition d’art français. C’est l’occasion pour Bazaine de faire une conférence sur « La Peinture et le monde aujourd’hui » qui reçoit un vif succès en dépit de l’opposition des autorités. Il renouvelle l’expérience en 1962 à Bucarest et en 1966 à Prague.
À Paris, il participe au Salon de mai en 1949-1951 et 1952, et à « L’École de Paris », galerie Charpentier, de 1954 à 1957.
La galerie L. Carré l’accueille en 1965 pour une exposition « Peintures 1942-1947 ».
Le Musée national d’art moderne à Paris organise la même année une rétrospective (catalogue B. Dorival).
1964 : grand prix national des Arts.
Le monde de Bazaine est en perpétuel devenir. Il nous parle de nos racines, de ce qu’il y a de plus profondément enfoui en nous-mêmes. Un souffle a comme emporté, arraché, pourrait-on dire, la grille structurelle de lignes qui caractérisait ses toiles jusque vers 1955-1958 pour libérer la couleur, lui donner toute sa quintessence, la laisser respirer. Les touches colorées s’entremêlent alors avec violence, simulant des arabesques, d’ou jaillit la lumière. La richesse de sa palette aux harmonies nuancées si subtiles, si raffinées, a des résonances musicales, et a souvent privilégié le bleu et le rouge. Elle semble aujourd’hui retenir surtout le rouge, « la couleur la plus intense », et le rouge violacé. Un lyrisme fait tournoyer formes et couleurs à la façon des embruns qui balayent la grève où des vagues déchaînées ouvrent sur une profondeur de champ où tous les possibles sont permis. Bazaine nous restitue « le geste de la nature ».
Parmi les multiples expositions et rétrospectives :
1977, « Bazaine » musée des Beaux-Arts, Rouen. Catalogue.
1977-1978, « Œuvres récentes et tapisseries », musée de Metz. Catalogue.
1987, « Rétrospective Fondation Maeght », Saint-Paul. Catalogue.
1988, « Bazaine. Dessins 1931-1988 », Le Cateau-Cambrésis, musée Matisse. Catalogue.
1990, rétrospective, Grand Palais, Paris. Catalogue, biographie, bibliographie complète. Skira.
Récentes expositions chez Adrien Maeght, Paris : 1987 « Les Chants de l’aube ». Catalogue. 1988, « Œuvres anciennes ».
1991, « Œuvres récentes », galerie Carré et Cie, Paris. Catalogue.
Œuvres dans de nombreux musées français et étrangers.
- Bazaine. Le temps de la peinture: réunion de « Notes sur la peinture d’aujourd’hui » et « Exercice de la peinture », avec quelques articles. Aubier, 1990.
- Jean Tardieu, Jean-Claude Schneider et Viveca Bosson, Bazaine, monographie. Éditions Adrien Maeght, 1975.