Karel Appel dans son atelier par Dirk de Herder, 1950-1954
Cofondateur du groupe Cobra.
Appel s’installe à Paris en 1950 en compagnie de Corneille. À partir de 1957, il vivra une partie de l’année à New York. Son premier séjour parisien remonte à 1947. Il l’effectue déjà avec Corneille dont il a fait la connaissance à l’École des beaux-arts d’Amsterdam (1940-1943) et avec lequel il a exposé en 1947 dans sa ville natale. Ils habitent des ateliers insalubres de la Halle aux cuirs.
Colette Allendy présente aux Parisiens ses premières peintures dès 1949 aux côtés de celles de Constant et de Corneille, qui figurent ensuite en 1950 dans le groupe « Tendances » avec Atlan, Doucet, Corneille, Constant et Tajiri, à la première exposition Cobra à Paris, à La Librairie, 73, boulevard Saint-Michel (« Cinq peintres de Cobra », préface de M. Ragon), puis à la galerie Pierre en 1951. Le public qui découvre cette peinture brutale, véhémente, violente de tons et dont tout l’intérêt réside dans la matière et le geste, se montre choqué. Alors que l’abstraction géométrique a conquis la scène artistique et que la peinture figurative fait le succès des galeries rive droite, cette exubérance expressionniste faisant appel à tout un bestiaire nourri d’art populaire, ne craignant ni la caricature ni le caractère naïf, atteint son but dans son désir d’agresser celui qui regarde. Michel Tapié ne s’y trompe pas. Dans son livre manifeste sur la peinture informelle, intitulé Un art autre (1952), il fait figurer Appel dont il reproduit deux tableaux : Femme oiseau et Chanteuse des rues. Appel y côtoie Dubuffet, Mathieu, Pollock, Fautrier, de Kooning, Ubac… Tous poursuivent une aventure picturale et expressive que Tapié appelle lui-même « signifiance de l’informel ». Participe à l’exposition de Michel Tapié « Peintures non abstraites » en 1952, au Studio Facchetti.
“ Le premier stade, rouge et jaune, est toujours beau… C’est lorsqu’il s’agit d’en contrôler le bien-fondé que s’ouvre une cruelle dialectique. De l’antagonisme naît le doute. Une toile n’est pas le résultat d’une recherche systématique mais d’une aventure pleine d’angoisse. ”
Lorsque Appel commence sa toile, seules le retiennent la matière et la couleur. Puis il provoque l’apparition d’une image qui surgit au sein de ce jeu de matières : têtes, toujours identifiables, ou bien paysages davantage abstraits. Voici ce que le peintre dit lui-même de sa démarche : « Le premier stade, rouge et jaune, est toujours beau… C’est lorsqu’il s’agit d’en contrôler le bien-fondé que s’ouvre une cruelle dialectique. De l’antagonisme naît le doute. Une toile n’est pas le résultat d’une recherche systématique mais d’une aventure pleine d’angoisse. » Il s’agit pour le peintre de trouver un équilibre entre instinct ou pulsions et connaissance, d’où l’intervention du phénomène rapidité dans l’exécution de l’œuvre. Appel pratique l’usage direct du tube dès 1954. Si une évolution permet de dater les œuvres précédant 1955 – premiers dessins de 1948 incorporant graphismes abstraits et graffitis, personnages coloriés en 1950, Têtes en pleine pâte et Portraits imaginaires de 1955 –, à partir de cette date, il est en possession d’une parfaite maîtrise que sous-tend une totale liberté. Le dessin s’identifie à la couleur avec laquelle il fait corps : Nus blancs et noirs de 1957-1958 suivis des Têtes volantes et des Fantômes.
Le petit bonhomme du désert (Woestijmannetje), 1950
Huile sur toile
90 x 80 cm
De familie (La famille), 1952
Huile sur toile
110 x 100 cm
1954, exposition particulière, Studio Facchetti, préface Michel Tapié. La même année, expose chez Martha Jackson Gallery, New York. 1960, prix Guggenheim.
Participe au Salon de mai en 1952 et 1953, puis chaque année de 1957 à 1965. À partir de 1964, vit et travaille au château de Molesmes près d’Auxerre. Depuis 1977, se partage entre Monaco et New York.