En 1927, Nadia Léger lui présente Ozenfant dont il subit momentanément l’influence puriste. Ce dernier préface son exposition galerie Aubier.
Il délaisse le purisme pour des séries dans lesquelles réapparaît une inspiration dadaïste : Les Paysages élastiques et L’Impressionnisme ornemental (1929-1931). Charchoune a trouvé sa voie. Un caractère mystique commence à poindre dans ses œuvres et s’affirme lors d’une période de misère correspondant à la grande crise économique (1932-1942). En 1942, il obtient un atelier cité Falguière où il vivra jusqu’en 1960.
En 1944, Edwin W. Livengood lui propose son premier contrat et en 1945, Charchoune entre à la galerie Raymond Creuze qui va l’exposer pendant douze ans : en 1944 (de 1946 à 1948, l’objet violon devient un nouveau support à son expression et préfigure la série musicale), 1947, 1948 « Peintures de 1926 à 1931 », 1949 « Cycle marin » avec la réapparition de la couleur, 1951 « Œuvres récentes », 1952 « Charchoune, Venise », 1956 « Œuvres récentes ».
De 1954 à 1955, il s’inspire de Kafka pour réaliser sa série des Métamorphoses. Auditeur assidu des concerts Colonne depuis 1912, ce n’est qu’à partir de 1956 que la musique devient l’unique support de sa création : Bach, Mozart, Beethoven, Tchaïkovski, parmi d’autres compositeurs, lui offrent son « ravitaillement ». Volontairement, il efface progressivement de sa palette les explosions colorées précédentes, privilégiant les camaïeux, ocres, les monochromies parfois austères et les variations blanches desquelles surgissent des courbes, des signes, des sillons dont l’ondulation de gauche à droite rappelle les liens qui unissent l’eau à la musique. Ainsi parvient-il à un dépouillement, d’où l’expression, la spiritualité surgissent de la matière sensuelle et riche. « La musique me donne le thème. En écoutant la musique, je vois la peinture les yeux fermés, comme un filon coloré qui se déroule, je la vois d’abord avec des couleurs primitives et mon tableau est commencé très coloré. J’écoute et fais des traces télépathiques sur la toile. Ça devient ornemental. Je commence à cracher de la couleur et ça devient très décoratif, très coloré » (entretien avec Michel Ragon, Jardin des arts, septembre 1966). Cette impatience et cette volonté de traduire sur la toile les impressions ressenties lors de l’audition l’amènent à structurer sa composition à partir d’une juxtaposition raffinée de touches dans un souci de synthèse qu’il atteint avec cet ensemble d’œuvres. Aucunement abstraites, ce sont de larges plages de peinture pure, à la fois lumineuses et sonores. Peinture à savourer, à méditer dont le succès a toujours été confidentiel auprès du public, alors que ses confrères lui témoignent leur admiration. Jacques Villon : « Je me réjouis d’aller bientôt communier avec votre art dépouillé » (1941). Nicolas de Staël contemple chaque jour la petite toile accrochée dans sa chambre. Hosiasson : « Que dire de Charchoune qui ne cherche que l’indicible… ? La couleur — quand il en fait usage — se vide de toute résonnance : sa peinture est chuchotement inspiré… Qui l’a perçu ne saurait l’oublier… » (1957). Et Picasso : « Pour moi, il y a deux peintres : Juan Gris et Charchoune. » Cependant ce sont les adjectifs « oublié », « méconnu », « ignoré » qui reviennent sous la plume des plus grands écrivains et critiques : Philippe Soupault, Alain Jouffroy, Charles Estienne, Gaston Diehl, Pierre Schneider… Et pourtant les expositions se multiplient ! Qu’importe d’ailleurs la gloire à celui qui dit : « J’étais et je suis resté un homme de la nature, mais j’étais né aussi un homme des arts, et ces trois éléments, la forêt, la rivière, la musique, devinrent très vite pour moi une harmonie picturale que je cherchais à rendre sur le papier » (op. cit.).
Expositions à Paris en 1957, galerie J.-C. de Chaudun (catalogue) et galerie Dina Vierny.
1958, galerie Michel Warren, préface Patrick Waldberg. 1960, galerie Henri Bénézit, galerie Georges Bongers et galerie Jacques Péron.
1961, galerie Cahiers d’Art.
Georges Bongers le présente encore en 1966-1967.
1970, galerie Jean-Louis Roque, préface de Pierre Brisset, et 1971, quand il expose des gouaches.
Il a illustré plusieurs œuvres littéraires.
1970-1971, première rétrospective au musée Saint-Denis à Reims suivie par celle du Musée national d’art moderne en 1971 (catalogue Archives de l’art contemporain, n° 18, préface Jean Leymarie et nombreux textes).
1974, galerie de Seine, « Charchoune, harmonies blanches 1924-1974 ». Catalogue, préface Alain Bosquet, documentation René Guerra.
À l’étranger, il a exposé à New York (1960), en Allemagne, en Italie, à Genève, au Luxembourg.
Parmi les principales expositions collectives : 1948, Boulogne-sur-Mer, « École de Paris ». 1951, Turin, Palazzo Belle Arti, « Peinture d’aujourd’hui : France-Italie ». 1952, Montréal, Librairie Hachette, « L’École de Paris ». 1956, musée de Grenoble, « Dix ans de peinture française 1945-1955 ». 1957, galerie R. Creuze, « Cinquante ans de peinture abstraite ». Musée de Saint-Étienne, « Art abstrait ». 1963, Strasbourg, château des Rohan, « La Grande Aventure de l’art du xxe siècle ».
Il participe au Salon Comparaisons de 1956 à 1961, au Salon de mai depuis 1960 et aux Réalités Nouvelles en 1956 avec la 7e symphonie de Beethoven, en 1957 avec Concerto pour piano de Tchaïkovski et de 1958 à 1963. Hommage en 1976.
1980-1981, « S. Charchoune, peintures de 1913 à 1965 », musée de l’Abbaye Sainte-Croix, Les Sables-d’Olonne. Catalogue, Cahiers de l’abbaye, n° 39, Henri-Claude Cousseau, Michel Seuphor.
1981, « S. Charchoune œuvres 1913-1975 », galerie des Ponchettes, Nice. Catalogue, texte Michel Seuphor.
1988, « Charchoune œuvres de 1913 à 1974 », galerie Fanny Guillon Laffaille, Paris. Catalogue, texte Patricia Delettre. Biographie, bibliographie.
1989, « Charchoune », Centre culturel de la Somme et musée départemental de l’Abbaye de Saint-Riquier. Catalogue P. Delettre.
Musées : Alès, Charleville, Dijon, Grenoble, Les Sables-d’Olonne, Nice, Paris au Musée national d’art moderne, au Centre Georges Pompidou et à la Ville de Paris, Pontoise, Reims, Roanne, Saint-Étienne, Strasbourg, Villefranche-sur-Mer, Villeneuve-d’Ascq, et à l’étranger.
Raymond Creuze : Charchoune, Éditions R. Creuze, Paris, 1975-1976, 2 vol. Catalogue raisonné des peintures en préparation par Patricia Delettre.